Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cipaux habitants et des chefs des marchands, tels que les enfants d’Alcoûbec et autres, auxquels ils extorquèrent des sommes considérables. On plaça un carcan de fer au cou du kàdhi Imâd eddîn. Quelque temps après, les deux émirs firent périr trente-six des habitants de la ville. Chacun de ces malheureux fut fendu en deux, et leurs corps furent mis en croix sur deux rangs ; cela se passait un vendredi. La population étant sortie, selon sa coutume, après la prière, afin de visiter les tombeaux, vit ce funeste spectacle. Son chagrin fut grand et sa tristesse en redoubla.

Au nombre des crucifiés se trouvait un marchand très-considéré, que l’on appelait Ibn Réouâhah. Il avait une salle remplie d’armes, et toutes les fois qu’un danger se présentait ou qu’il survenait quelque lutte, il en tirait de quoi fournir à l’armement de cent ou deux cents hommes. Il y avait des salles de cette espèce chez un grand nombre d’habitants de la ville. La langue d’Ibn Réouàhah le perdit (litt. glissa). En effet, il dit aux deux émirs : « Je réponds de cette