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J’AI à vous parler aujourd’hui, messieurs, de la récente découverte d’un animal inconnu et ignoré jusqu’à ce jour, mais dont le nom est déjà dans toutes les bouches, j’ai nommé le Veau

Nous inspirant de la Loi de la corrélation des formes de Cuvier, qui plus heureux que nous avait à sa disposition les fossiles, nous avons pu, néanmoins, à la suite de fouilles consciencieuses opérées dans les bas fonds de la charcuterie et de la boucherie, nous avons pu, dis-je, découvrir pour la gloire de la science, quelques vieux débris informes et mutilés - saucisses, godiveaux, fricandeaux, pieds de veaux ! - qui, tout en nous égarant parfois dans nos recherches au point de nous amener par le plus grand des hasards, je le reconnais, à la découverte du Cheval, de l’Ane et du Mulet, nous ont permis cependant de reconstituer le Veau tel qu’il est ; le Veau, messieurs, que naguère on ne connaissait que par ses côtes, comme le melon.

Eh bien, messieurs, malgré tous ces avantages physiques, auxquels il convient d’ajouter le charme pâle de son teint, le Veau n’est pas content de son sort.

Grâces et Ris de Veau, vains mots !

Le Veau est triste, le Veau pleure.

Qui nous dira les sujets de sa mélancolie ? Ce n’est pas lui, messieurs.