Page:Hypnérotomachie - éd. Martin - 1546.pdf/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux ouurée de muſaique en forme d’entrelas & feuillages de diuerſes couleurs, demolie en pluſieurs endroictz pour la ruine du baſtimẽt. Sur la fin de ceſte place a dextre & a ſeneſtre du coſté des montaignes eſtoient erigez a nyueau deux rangz de colonnes egalement diſtantes l’une de l’autre. Le premier cours ou ordre commẽcoit au bout du paué. Au front du portail de l’vn des rangz iuſques a l’autre, y auoit diſtance de quinze pas. La pluſgrand part de ces colonnes ſe voyt encores debout & entieres, auec les chapiteaux doriques, contenans en haulteur le demy diametre de leur pied. Il y en auoit d’autres priuees de leurs chapiteaux, pluſieurs rẽuerſees, rompues, & demyenterrees dans les ruines, parmy leſquelles eſtoient creuz des arbriſſeaux & petitz buiſſonetz : qui me fit preſumer que ce auoit eſté vn hippodrome a courir cheuaux, ou quelque xyſte pour exercer la ieuneſſe, ou vn paradromide a ſe promener, ou certain ample porche deſcouuert, ou bien le lieu d’vn Euripe ſaict pour repreſenter a tẽps certaines batailles nauales. En ceſte place a dix pas ou enuirõ de la porte y auoit vn cheval de cuyure, merueilleuſemẽt grãd, auec deux aelles eſtendues : le pied du quel contenoit cinc piedz en rondeur ſur le plant de la baſe. La lõgueur de la iambe depuis la pince de la corne iuſques ſoubz la poictrine, eſtoit de neuf piedz. La teſte haulte & releuee, cõme ſ’il fuſt eſgaré, ſans frein ny bride, auec deux petites oreilles, l’vne droicte ſur le deuant, l’autre en arriere, les creins longs, ploiez en vndes, & pendans du coſte droict. Deſſus ce cheual, & autour de luy, eſtoiẽt ſaictz pluſieurs petitz enfans qui ſ’efforcoient le cheuaucher, mais vn ſeul d’eulx ne l’y pouoit tenir pour ſa grande legierete, & prompt maniement : parquoy les aucuns tumboient, les autres eſtoient preſtz de tumber : maintz en y auoit de trebuchez, qui taſchoiẽt de remõter. Vous en euſſiez veu qui ſ’empongnoiẽt aux creins : & telz eſtoient cheuz ſoubz ſon ventre, qui monſtroient ſe vouloir releuer.


Ce che-