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Hypnérotomachie, éd. Martin, 1546, image sur la page 1v Hercinia sylua.qui me feit doubter d’eſtre arriué en la foreſt noire, en laquelle repairent fors beſtes ſauuaiges & dangereuſes : pour crainte deſquelles ie m’efforceay a mõ poſſible de chercher vne brieue yſſue : et me mey de faict a courir ſans tenir voye ne ſentier, ny ſauoir quele part me deuoie adreſſer, ſouuent trebuchant parmy les troncz & eſtocz des arbres qui lá eſtoient a fleur de terre. I’alloie aucunesfois auãt, puis tout court tournoie en arriere, ores en vn coſté, tantoſt en l’autre, les mains & le viſage deſſirez de ronces, char-

dons, & eſpines. Et qui me faiſoit pis que tout, c’eſtoit qu’a
chaſcun pas i’eſtoie retenu de ma robe, qui ſ’acro-
choit aux buyſſons & haſliers. Le trauail
que i’en eu, fut ſi grand & tant
exceſſif, qu’en moy
ny eut plus
de
conſeil : &
ne ſceu bonnement
que faire, ſinon me plaindre
a haulte voix : mais tout eſtoit en
vain, car ie n’eſtoie entẽdu de perſone, excepté
de la belle Echo, qui me reſpõdoit du creux de la foreſt : ce qui
me feit reclamer le ſecours de la piteuſe Ariadna, & deſirer le fi-
let qu’elle bailla au deſloial Theſeus pour le guider parmy le Labyrinthe.