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Tel est le tableau, rapidement tracé, de la colique saturnine ; ce phénomène se reproduit chez le même individu avec une fréquence variable et constitue parfois pour le typographe l’unique maladie qui lui révèle l’influence de l’action plombique sur sa santé.

Certains signes de saturnisme peuvent d’ailleurs échapper à l’individu qui en est atteint, et c’est le médecin qui est amené à les constater lorsqu’une circonstance quelconque nécessite son intervention.

C’est ainsi que l’état d’anémie, qui ne fait jamais défaut en pareil cas, peut déterminer le docteur à soumettre à l’examen le sang du malade ; il lui est alors permis de reconnaître que les globules rouges sont diminués dans leur nombre et augmentés dans leur volume, particularité due à l’action du plomb.

C’est lui également qui constate le plus souvent l’anesthésie cutanée des régions exposées au plomb, et qui remarque le retard dans la perception des sensations, phénomènes dont nous avons déjà parlé.

La tendance que possèdent les plaies des saturnins à se compliquer de lymphangites et d’érysipèles est un fait qui attire aussi son attention et qui mérite, en conséquence, d’être signalé.

Si les manifestations du saturnisme se présentent chez le personnel typographique avec des degrés différents, cela tient à la variabilité des causes qui en déterminent l’influence. Il importe aussi de faire remarquer que chaque individu possède dans son organisme une disposition plus ou moins favorable à la résistance aux actions toxiques, soit que les capacités absorbantes ou déjectives varient, soit que la différence tienne aux propriétés des organes de transformation eux-mêmes.

Les effets du saturnisme varient donc avec les personnes ; peu sensibles chez tel compositeur, ils se traduisent chez tel autre par des accidents légers plus ou moins fréquents, et se manifestent chez un troisième avec un grand degré d’acuité. Selon Tanquerel, l’action plombique présenterait son maximum d’intensité chez les ouvriers âgés de trente à quarante ans ; suivant le même