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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

prend une Vierge couronnée et le Christ entre deux anges ; le volet de gauche, un saint Vincent, celui de droite un saint Germain. Ce sont de hautes figures très hiératiques, et pourtant d’un modernisme un tantinet campagnard, car elles ont dans la tournure, dans la mine, d’abord presque déplaisantes, quelque chose d’agreste et de très simple. Les couleurs sont profondes, d’une ardeur tempérée, quasi sombre. Le rouge est rouge cerise ; les violets et les verts, très nourris de bleu discret, sont graves ; les ors sont saurés ; mais la plus belle teinte, en dehors d’un chamois clair, est celle du manteau de saint Germain, une teinte qui tient du brun violi de la robe du carme et de ce brun rougeâtre connu dans la céramique sous le nom de foie de mulet ; il est à la fois somptueux et austère ; les grands verriers du moyen âge n’ont pas fait mieux.