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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

travers de ses squares et de ses rues ; puis son jardin zoologique n’a rien qui me puisse surprendre et, quant au style de son grand Opéra, je le hue ; je vais dans le seul endroit où je puisse encore songer en paix à l’admirable Vierge de Flémalle, à l’église.

La nuit est tombée, les voûtes se brouillent, les colonnes deviennent confuses. Quelques rubis suspendus piquent la nuit, en l’air. Ah ! la détente de cette cathédrale solitaire, si loquace dans son silence et si douce ! J’oublie Francfort. Je suis chez Dieu de même qu’à Paris. À peine une femme dont on ne distingue pas les traits passe-t-elle, de loin en loin, pour s’agenouiller et ajouter une ombre plus noire aux ombres du sol ; vraiment la grande Vierge blanche serait, à sa place, ici ; je la vois si bien, souriant à ces braves femmes qui sont, là, près de moi, à ses pieds !