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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

de la vie contemplative, dans un cloître.

Jusqu’ici, en effet, ses Vierges m’étaient apparues, ainsi que de fastueuses bourgeoises des Flandres, jouant la distinction, s’observant devant le visiteur et il résultait pour moi, de ce besoin d’attirer l’attention, une certaine afféterie, une certaine gêne ; c’était de la peinture à simagrées charmantes, de l’art frêle et maniéré, mais ce n’était, au demeurant, que de la peinture.

Or, ici, tout change. Cet homme si inférieur à Roger Van der Weyden, en tant que mystique, devient subitement son égal, le précède presque. Toute cette partie divine qui ne s’apprend pas, qui est hors et au-dessus des couleurs et des lignes, cette effluence de la prière, cette projection de l’âme épurée qui se fixe sur un panneau de chêne — et si l’on sait pourquoi, l’on ignore comment — jaillissent soudain dans le volet isolé de Francfort.