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Les Grünewald du Musée de Colmar

que Dürer, mêlé à ce mouvement d’émotion religieuse qui devait aboutir à la plus implacable des sécheresses, après que les glaces du marais protestant furent prises ? Je l’ignore. Il a, en tout cas, cette âpre ferveur et cette familiarité de la foi qui caractérisèrent l’illusoire renouveau du début du XVIe siècle. Mais il personnifie encore plus pour moi la piété des malades et des pauvres. Ce Christ affreux qui se mourait sur l’autel de l’hospice d’Issenheim semble fait à l’image des affligés du mal des ardents qui le priaient ; ils se consolaient en songeant que ce Dieu qu’ils imploraient avait éprouvé leurs tortures et qu’il s’était incarné dans une forme aussi repoussante que la leur, et ils se sentaient moins déshérités et moins vils. L’on conçoit aisément que le nom de Grünewald ne se rencontre pas, comme ceux d’Holbein, de Cranach, de Dürer, sur les listes des