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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

du théorbe, de la viole d’amour, tous, comme celui du premier plan dont le visage malsain sourit, modelé dans du saindoux, tournés vers la grande Vierge de l’autre volet qu’ils adulent. L’ensemble est curieux, mais voilà que près de ces purs Esprits, entre deux des légers piliers de cette chapelle, apparaît une autre petite Vierge, couronnée, celle-là, d’un diadème en fer rouge et qui, la figure diluée dans un halo d’or, adore, à genoux, les prunelles baissées et les mains jointes, l’autre Vierge et l’Enfant.

Que signifie cette créature étrange qui évoque l’impression de fantastique suscitée dans la Ronde de nuit de Rembrandt par la fillette à l’escarcelle et au coq, nimbée de feux pâles ? Est-ce une sainte Anne naine ou une autre sainte, cette reine fantôme qui ressemble à s’y méprendre à une madone ? Elle en est certainement une. Évidemment, Grünewald a voulu