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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

pénible, l’autre vous transporte, car il est réellement magnifique, et, j’ose l’avancer, dans l’art de la peinture, unique. Grünewald s’y révèle, tel que le peintre le plus audacieux qui ait jamais existé, le premier qui ait tenté d’exprimer, avec la pauvreté des couleurs terrestres, la vision de la divinité mise en suspens sur la croix et revenant, visible à l’œil nu, au sortir de la tombe. Nous sommes avec lui en plein hallali mystique, devant un art sommé dans ses retranchements, obligé de s’aventurer dans l’au-delà plus loin qu’aucun théologien n’aurait pu, cette fois, lui enjoindre d’aller.

La scène se situe ainsi :

Le sépulcre s’ouvre, des soudards casqués et cuirassés sont culbutés et gisent l’épée à la main, au premier plan ; l’un d’eux, plus loin, derrière le tombeau, pirouette sur lui-même et, la tête en avant, culbute, et le Christ surgit, écartant