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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

de son poitrail blessé un jet de sang dans un calice.

Telle est l’attitude des personnages ; ils se détachent sur un fond commençant de nuit ; derrière le gibet, planté au bord d’une rive, coule un fleuve de tristesse dont les ondes rapides ont pourtant la couleur des eaux mortes et le côté un peu théâtral du drame se légitime, tant il est d’accord avec ce lieu de détresse, avec ce crépuscule qui n’en est déjà plus et cette nuit qui n’en est pas encore ; et, invinciblement, l’œil, refoulé par les tons malgré tout sombres du fond, dérive des chairs vitreuses du Christ, dont l’énormité de la taille ne retient plus, pour se fixer sur l’éclatante blancheur du manteau de la Vierge, qui, soutenu par le vermillon des habits de l’apôtre, vous attire, au détriment des autres parties, et fait presque de Marie le personnage principal de l’œuvre.