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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

Dieu de Colmar n’est plus qu’un triste larron que l’on patibula.

Là ne s’arrête pas la différence qui se peut noter entre les deux œuvres. Ici la disposition des personnages groupés n’est plus, en effet, la même. À Carlsruhe, la Vierge est, ainsi que partout, d’un côté de la croix et saint Jean, de l’autre ; à Colmar, les habitudes du sujet sont renversées et le surprenant visionnaire que fut Grünewald s’affirme, spécieux et sauvage, théologique et barbare à la fois, en tout cas, parmi les peintres religieux, seul.

À droite de la croix, trois personnes : la Vierge, saint Jean et Madeleine. Saint Jean, un vieil étudiant allemand, au visage glabre et minable, aux cheveux jaunes qui tombent en longs filaments secs sur sa robe rouge, soutient une Vierge extraordinaire, habillée et coiffée de blanc, qui s’évanouit, blanche comme un linge,