les lois mystérieuses qui président à la formation des âmes. Aucune philosophie ne parvient à modifier les tendances profondes et rudimentaires, qui conduisent ceux-ci à trouver que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, tandis que ceux-là ne voient autour d’eux que misères et calamités. La religion elle-même, lorsqu’elle apprend à l’homme à se résigner, ne l’aveugle pas sur les maux qui l’entourent et s’il les supporte, il ne lui est pas interdit de demander à Dieu, avec le saint homme Job : « Pourquoi m’avez-vous tiré du sein de ma mère ? Je serais mort et personne ne m’aurait vu ! »
Le pessimisme de Huysmans se réclamait plutôt des doctrines de Schopenhauer que de la détresse du patriarche iduméen ; mais il ne différait pas de cette dernière quant aux résultats pratiques.
Huysmans a synthétisé les déboires et les rancunes du pessimiste dans une courte nouvelle, qui est un chef-d’œuvre d’observation aiguë. Je veux parler d’À Vau-l’eau. Il crée là le type désormais légendaire de Monsieur Folantin, première ébauche de ce Durtal derrière le masque duquel l’auteur va bientôt se dérober et qui rédigera plus tard les chapitres angoissés d’En route. M. Folantin nous renseigne à merveille sur la psychologie de Huysmans. Nous savons par lui que son père spirituel est un