Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle-même. Léo finit par se convaincre qu’ils vivraient à deux à meilleur compte que lorsqu’il était seul.

Quand ce projet fut décidé, le poëte n’eut plus de cesse qu’il ne fût mis à exécution. Il la pressa de faire ses malles, emprunta de l’argent pour acquitter sa note à l’hôtel qu’elle habitait, cloua, décloua, rangea tout à nouveau chez lui pour qu’elle pût y installer ses affaires. Leur première soirée de noces fut sans pareille : Marthe rétablit l’ordre de la maison, nettoya les tiroirs, mit de côté le linge à repriser, épousseta les livres et les tableaux et quand il revint pour dîner il trouva bon feu, lampe ne fumant pas comme d’habitude, et, dans son fauteuil, une femme gentiment ébouriffée qui l’attendait, les pieds au feu, le dos à table.

— Comme je vais travailler, se dit-il, maintenant que je suis si bien chez moi !

En attendant, l’argent fuyait, bride avalée. Tous les jours c’était une dépense nouvelle : des verres, une carafe, des assiettes ; il fut effrayé, mais il se consola, se répétant qu’une place de deux cents francs par mois lui était réservée dans un nouveau journal ; le tout était de prendre pa-