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Il la jugea digne de toutes les tendresses et de tous les dévouements, mais ce qui le désarçonna quelque peu, ce fut le lever. Elle s’habilla comme toutes les filles, s’assit sur le bord du lit, enfila ses longs bas mauve, mit les boutons de ses bottines avec une épingle à cheveux, rabattit sa chemise sur ses jambes et, se trouvant près de la toilette, fit comme toutes, entr’ouvrit le rideau de la croisée et regarda dans la cour. Quelle femme n’avait eu ce geste ? Quelle femme n’avait fait cette sotte demande : as-tu du savon, tiens, de la poudre de riz ! oh ! comme elle sent bon ! elle est à la maréchale, dis ?

Il se reprocha de l’avoir crue autre que ses compagnes et pourtant, quand elle resserra dans sa robe tous les trésors qu’elle en avait tirés la veille, il éprouva comme un regret. Il était peiné qu’elle s’en fût : il la retint à déjeuner. Elle attendait sa blanchisseuse, elle devait être rentrée de bonne heure. Cette réponse l’exaspéra. — Toutes les femmes qui veulent s’en aller, attendent leur blanchisseuse, il ne le savait que trop ! Elle céda cependant, et tandis qu’elle ôtait son chapeau et défaisait son manteau, le poëte héla dans la cour le concierge.