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blondes, pommadées ou poudrées d’une neige de riz.

Les peignoirs sans manches, rattachés aux épaules par des pattes rubantées de soie tendre, flottaient larges et laissaient entrevoir, sous leur diaphane ampleur, l’affriolante nudité des corps.

Les bijoux papillotaient, les rubis et les strass arrêtaient au passage des filées de lumière et, debout devant une glace, tournant le dos à la porte, une femme, les bras levés, enfonçait une épingle dans la sombre épaisseur de sa chevelure.

Son grand peignoir de gaze remontait avec le mouvement des bras et laissait un large espace entre sa pâle vapeur et le granit des chairs ; les seins se redressaient aussi dans cet enlèvement des coudes et leurs orbes bombaient, blancs et durs, dans des frises de rosettes. Une raie filant de la nuque, un peu renversée, se brisait dans ces plis ondulants qui relient les hanches et, sillonnée d’une courbure profonde, la croupe renflait ses neigeuses rondeurs sur deux jambes que rosait, au-dessus du genou, le serré des jarretières.

Et dans ce salon, tout imprégné des odeurs furieuses de l’ambre et du patchouli, c’était un va-