Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

marchand de bric-à-brac, à la porte duquel pendaient en désarroi des crinolines dont les chairs s’étaient dissoutes et dont les carcasses d’archal sonnaient aux vents.

Plus près enfin, à l’entrée de l’impasse, trois arbres aux troncs flacheux dressaient de leurs manches de terre des bras éplorés et difformes.

Une pelletée de misérables avait été jetée dans le ruisseau au pied de ces trois arbres. Il y avait là des pauvresses aux poitrines rases et au teint glaiseux, des ramassis de bancroches, des borgnes et des ventrées de galopins morveux qui soufflaient par le nez d’incomparables chandelles et suçaient leurs doigts, attendant l’heure de la miche.

Accotés, accroupis, couchés les uns contre les autres, ils agitaient des récipients inouïs : casseroles sans queue, pots de grès cravatés de ficelles, bidons cabossés, gamelles meurtries, bouillottes sans anses, pots de fleurs bouchés par le bas.

Un soldat leur fit signe et tous se précipitèrent en avant, tête baissée, aboyant comme des dogues, puis, quand leurs écuelles furent pleines, ils s’enfuirent avec des regards voraces et, le der-