Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les jeunes gens causaient du dernier bal de madame une telle. On proposa de se dégourdir les jambes. Le quadrille débuta presque convenablement, mais à mesure que les couples s’échauffèrent et que le gros homme, incapable de se maîtriser, eût commencé à débiter de lubriques sornettes, la danse se déginganda. À l’heure du souper, les vieillards avaient déboutonné leur gilet et se trémoussaient, les basques de l’habit en l’air, les bras en tourniquet, époumonnés, suant, soufflant, battant des jambes, dodelinant du torse.

L’auvergnate ouvrit la porte de la salle à manger. Chacun se précipita sur la table ; on s’assit pêle-mêle, les femmes sur les genoux des hommes, et l’on pignocha les petits pois et les truffes. La bedaine au galop, les yeux paillards, le gros père exultait. Il fit verser le champagne destiné aux femmes, le champagne qui mousse rose, et il appliqua ses vieilles lèvres d’œgipan sur les bras de ses voisines. Ce fut comme un signal. Les couples se pressèrent. Marthe était assise près d’un jeune homme qui lui parlait de courses et d’un pari qu’il avait engagé sur Finette, une pouliche superbe, disait-il.

Quand il eut épuisé ce sujet de conversation, il