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t’agrafait à nouveau, il aurait non seulement la femme, mais la maîtresse. La femme, passe encore, la maîtresse, non ! Voilà, décide-toi, ma fille, c’est à prendre ou à laisser !

— Je laisse, dit Marthe.

— Tu laisses ? À ton aise. Va le rejoindre, ton rafalé d’amant ! Non, écoute, reste encore quelques instants et réfléchis. Avec lui, c’est la débine sans frein ; avec moi, c’est le verre jamais vide, c’est le boucan perpétuel, c’est la bombance à tour de mâchoires. »

Et comme, sans l’écouter, Marthe préparait un paquet de ses nippes, Ginginet lui prit les mains et poursuivit :

— Tiens ! après tout, j’ai peut-être tort, car enfin ce n’est pas de ta faute s’il est venu ce soir. Voyons, crois-moi, ne nous disputons plus ; aussi bien, à force de parler, j’ai comme du poussier dans la gargoine. Je suis sans rancune, toi aussi, pas vrai ? Dis-donc, chérie, si nous lichions un petit bischoff ? Qu’en penses-tu ? je vais crier à Ernest qu’il nous en monte un grand bol… Non ? tu n’as pas soif ? Oh ! n’aie pas peur, va, ce sera un vrai bischoff que tu boiras, pas de ceux qu’on sert en bas ; je le ferai faire avec une bouteille de