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LES FOULES DE LOURDES

ni bouger, elle végète tristement, dans un hospice, où cette brave demoiselle est allée la chercher pour l’emmener avec elle à Lourdes ; et l’on sent l’affection profonde qu’elle a vouée à cette orpheline qui, elle, ne la quitte pas de l’œil, qui s’inquiète, qui devient, tel qu’un petit oiseau perdu, dès qu’elle s’éloigne.

Il faut avouer que cet hôpital est à la fois un enfer corporel et un paradis d’âme. Nulle part, je n’ai vu, avec des maux plus affreux, tant de charité, tant de bonne grâce. Lourdes est, au point de vue de la miséricorde humaine, une merveille ; l’on y constate mieux que partout ailleurs la mise en pratique des Évangiles et l’on y trouve des dévotes autres que celles qui sûrissent dans nos églises pour arranger leurs piètres affaires avec des statues à tire-lires de Saints.

Je ruminais ces pensées en franchissant la grille, lorsque je rencontre un brancardier que je connais ; nous nous promenons ensemble dans la rue et faisons les cent pas devant les magasins de chapelets. Une équipe de pèlerins belges passe et mon ami me dit :

— Les Belges sont les seuls qui soient admirablement organisés, ici ; ils ont, sous la rampe du Rosaire, installé un bureau de renseignements et une permanence de secours ; les dossiers de leurs malades, munis de certificats de médecins, vérifiés de