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tations de mères, des pleurs étranglés d’enfants. Une dame bien vêtue descendit très dégoûtée, d’autres la suivirent, Auguste vint occuper auprès de Désirée une place laissée vide. — Ils étaient devenus très bons amis. — Lui, affirmait qu’il avait passé une excellente journée, et comme il racontait que les autres dimanches il ne s’amusait guère, n’aimant pas à brasser des cartes et à boire pendant des heures, elle le regarda gentiment et dit qu’elle non plus ne comprenait pas comment des hommes pouvaient avaler du vin et jouer au piquet du matin au soir ; — elle était toujours étonnée, par exemple, qu’il n’eût pas de connaissance ; lui aussi, soutenait-il, était surpris qu’une jolie fille comme elle ne se fît pas faire la cour par un jeune homme, mais elle répliqua de nouveau et très posément : — Oh ! Mais ce n’est pas du tout la même chose ! un homme, ça ne tire pas à conséquence pour lui s’il s’amuse, une fille, ça l’empêche de se marier avec un garçon qui serait honnête. Je ne suis pas comme Céline pour ça, moi, je n’aimerais pas le changement et surtout je n’aimerais pas qu’un homme me battît parce qu’il aurait de la jalousie ou qu’il serait ivre.

Auguste s’écria précipitamment que les gens qui cognaient sur les femmes étaient des lâches.