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tole, qui dégoisait des inepties pour faire rire la foule, se mit à vociférer : — Bonsoir, les enfants, ne faites pas de bêtises, hein !

Ils étaient serrés l’un contre l’autre et debout. Auguste s’informa auprès de Désirée pourquoi sa sœur ne rentrait pas avec elle. — Oh ! Elle veut s’amuser, répondit simplement la petite. — Eh bien, et vous, vous ne tenez donc pas à vous amuser ? — Elle eut une petite moue qui ne signifiait pas grand’chose. Auguste poursuivit : il est gentil, n’est-ce pas, Colombel ? — Elle eut le même mouvement de lèvres, mais plus significatif ; celui-là semblait dire : je me fiche absolument de Colombel !

Auguste changea une fois encore de conversation : — J’ai entendu dire, reprit-il, que vous étiez une des meilleures ouvrières de la maison. — Cette fois il avait touché une corde flexible. Désirée avoua fièrement qu’elle et sa sœur étaient en effet de fines couseuses, et comme il semblait attentif et charmé, elle sourit joyeusement. Il reprit alors le thème de ses premières questions et il lui demanda si cela ne l’ennuyait pas de retourner chez elle, si elle ne voudrait pas avoir, comme Céline, un amoureux qui la promènerait ?

Elle répondit, sans gêne, que bien sûr elle serait heureuse d’avoir un bon ami, mais elle