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remercie bien, j’espère que vous reviendrez et que vous en ferez part à vos amis et connaissances.

Anatole exprima le désir de palper le mollet. La grosse femme s’y prêta d’assez mauvaise grâce. Elle leva un peu sa jupe et, quand le jeune homme lui eut fourragé dans le gras des jambes, elle grogna : — En voilà assez, mon petit, ça suffit.

— Céline était rouge, rageait ; elle pinça son amant jusqu’au sang ; lui, peu aimable, lui asséna un violent coup de coude dans les reins. Ils s’injurièrent ; Désirée et Colombel s’entremirent, mais Anatole, enchanté de voir sa maîtresse en furie, répétait que, s’il devenait jamais amoureux, ce serait certainement d’une belle femme comme celle-là. Désirée disait que tant de viande lui soulevait le cœur, mais Colombel, qui n’arrivait à rien avec elle, soutint son ami pour la faire endêver. Ils finirent par se bouder ; les hommes prirent les devants et Céline proposa à sa sœur de les perdre et de parcourir sans eux la foire. Désirée ne demandait pas mieux, et elles allaient se faufiler derrière une baraque quand les deux hommes s’arrêtèrent net. Anatole serrait la main à Auguste qui flânait, le nez en l’air, dans les allées.

— Ah ! bien, elle est bonne, celle-là, criait-il,