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plupart. — Les femmes se pressaient de terminer leur tâche. — Le brouhaha de l’atelier se mourait en une rumeur vague. Les femmes enlevèrent leur tablier et commencèrent à agacer le chat qui rôdait, défiant, les griffes prêtes à sortir. Moumout courait sur les tables, les babines et la queue en branle ; il filait son rouet, se laissant toucher par les unes, regardant les autres de son œil faux, puis, ayant dévoré tous les rogatons des paniers vidés, il sauta sur une chaise, se plongea la tête sous son cuissot dressé et se mangea furieusement les puces.

Les femmes partaient en bande. — Désirée caressait Moumout, attendant que sa sœur fût prête. — Elle était vraiment appétissante avec sa capuche de laine bleue et le tirbouchonnement de ses frisettes. Pour se donner une contenance, elle grattait le menton du chat qui ronronnait de plus belle, ouvrant les yeux, faisant scintiller ses topazes à peine barrées d’une ligne noire.

— Allons, viens-tu ? dit Céline.

Désirée regarda derrière elle pendant la route et elle aperçut le jeune homme qui feignait de contempler les toits quand elle se retournait. Il remonta derrière elles jusqu’à la gare Montparnasse, mais il ne paraissait pas vouloir s’approcher. — La petite fille fut vexée. — Elle aurait voulu être accostée et faire la dédaigneuse ;