Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.


I


Deux heures du matin sonnèrent.

Céline fit à sa sœur cette inepte plaisanterie qui consiste à placer son doigt près du nez d’une personne endormie et à la réveiller brusquement. Désirée frappa sa narine gauche contre l’index de Céline. — Que c’est bête ! cria-t-elle.

Les femmes se tordirent.

— Allons, mesdames, un peu de silence, hasarda la contre-maître.

L’on entendit comme un long bourdonnement que traversa soudain la flûte d’un rire, puis deux voix claironnèrent, soutenues par le ronronnement des presses, une chanson patriotique. Les gosiers des hommes, des gosiers saccagés