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l’assouvissement qu’il avait rêvé. Ce grand garçon, dont l’appétit des sens était assez vif, désirait ardemment une maîtresse. Il passerait avec elle ses soirées et ses dimanches. Il ne buvait pas plus de trois verres de vin, après son dîner, ne jouait au billard que rarement, ne pariait jamais d’œufs rouges au tourniquet, il était par conséquent très désœuvré. Il lui fallait à tout prix une femme ; il aspirait après une brave fille qui aurait des pudeurs devant ses amis et ne l’entraînerait pas dans des dépenses où seul il paierait l’écot.

Comme gentillesse, Désirée le séduisait fort. Malheureusement il ignorait qui elle était. Si peu madré qu’il fût, il était clair cependant qu’elle devait être sage. Cela se voit de suite dans un atelier, à la façon dont on vous adresse la parole, au silence de la fille aux propos gaillards, à sa facilité à les entendre. Celles qui s’indignent ont eu sûrement un amant ou deux, elles sont plus bégueules que des vierges. C’est toujours la même chanson au reste, les femmes déchues n’ayant pas de juges plus impitoyables que celles qui n’ont choppé que dans une circonstance.

Lui plaisait-il ? Là était la question. Il était de pimpante trogne, mais il n’avait pas l’aplomb, le déluré qui plaît aux filles ; elle, ne doutait point