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ler tant de choses, vous avez donc les boyaux, comme des manches d’habits ?

On dut s’interposer, la mère Teston, perdant toute mesure, ne parlait de rien moins que de le vider. — Le contre-maître amenant le nouvel ouvrier fit heureusement diversion. Il installa sa recrue près de la presse à eau et lui dit en goguenardant : — Allez-y, Auguste, et pompez ferme !

L’atelier rentrait peu à peu ; les couvreurs s’étaient installés près de leurs cisailles et ébarbaient les feuilles, d’autres collaient des couvertures et des gardes, le nouveau venu se trémoussait entre les bras de la machine, jetant à la détourne un regard sur Désirée qui, tout en collationnant des gravures, le regardait, elle aussi, à la dérobée.

Elle le trouvait gentil, avec sa figure un peu chafouine, dorée de cheveux en boucles, puis il avait l’air doux et triste ; il avait aussi de jolies petites moustaches blondes ; les dents par exemple n’étaient pas merveilleuses, l’une d’elles faisait l’avant-garde dans la gencive et une autre bleuissait sur le côté gauche avec une mauvaise apparence. Il était en somme un peu pâlot et un peu chétif ; tel quel, cependant, il pouvait encore faire honneur à la femme qu’il aurait au bras.

Lui, ne la trouvait pas très jolie. Elle était un peu courte et ses yeux avaient des difficultés, l’un