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III


Le premier amant de Céline s’appelait Eugène Tourte. Beau, grand, brun, l’air narquois et les yeux vainqueurs, il l’affola par des gestes et des grivoiseries qui allaient loin. Il faisait tiède ce soir-là. Sur la lisière d’un chemin perdu, près de bouquets d’arbres qui se faisaient vis-à-vis et se déhanchaient au souffle du vent, comme, dans le quadrille d’un bastringue, les couples bouffonnants des gouapes, elle culbuta, ne se voila pas, suivant l’usage, la face de ses mains, mais fermant simplement les yeux, tomba sans défaillance et se releva sans honte. Elle fut très surprise. Maintenant que sa curiosité était satisfaite, elle ne comprenait plus comment les femmes s’attachaient si furieusement aux hommes. Alors