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Et, tandis qu’elles jabotaient, Vatard, brandissant à chaque mot sa pipe, criait :

— La femme, c’est le bonheur du prolétaire ! voilà mon idée, — puis il plaignait Tabuche qui s’était séparé d’avec sa bourgeoise. — Maintenant, qu’il était malade, il restait seul chez lui, comme un pauvre chien. Il avait un panaris au doigt, une mauvaise maladie, comme chacun sait, et il allait en être réduit à se faire soigner par les dames Saint-Thomas, de la rue de Sèvres, qui les guérissent sans opérations.

La femme Teston, elle aussi, avait connu un homme qui avait eu un mal blanc au pouce. Il l’avait enfoncé dans le derrière d’une grenouille ; ses souffrances avaient diminué à mesure que le doigt entrait, il était maintenant guéri, mais la grenouille était morte.

Vatard ne pensait pas que ce remède fût bon ; il soutenait même que c’était de la blague, mais la vieille jura sur la tête de sa mère qu’elle tenait cette histoire de la personne même à qui elle était arrivée.

Le résultat de cette discussion fut qu’on fait toujours bien de ne pas appeler un médecin quand on est malade. Tabuche avait raison d’avoir recours aux Sœurs. Les médecins n’ouvrent avec leurs lancettes les panaris mûrs qu’aux gens du peuple. — Les riches ne les feraient plus venir et