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que ces bégueules-là viendraient nous embêter ! — C’est pain bénit, cria une autre, en v’là un tas de dégoûtantes ! Ça vient vous renifler pour voir si l’on sent l’homme ! Ça a les yeux baissés, ça avale le luron, tous les matins, et le soir ça fait des noces de bâtons de chaises ! Merci ! Des limaces comme celles-là ? n’en faut plus !

— Eh ! la mère-la-morale, dit Chaudrut, eh bien ! Et votre audience chez le Président, quoi qu’elle devient ? C’est-il aujourd’hui qu’on me fait rendre mon portefeuille ?

— Monsieur n’y est pas, souffla rageusement la mère Teston, mais soyez tranquille, vous n’y perdrez pas pour attendre.

Alors, l’atelier répéta une plaisanterie qui avait cours depuis huit mois, à savoir que Chaudrut était tombé amoureux de la mère Teston et qu’il attendait qu’elle fût veuve, pour lui demander sa main.

La vieille fut outrée. — Lui, lui ! un galfâtre de son espèce ! ah ! non, par exemple ! j’aimerais mieux devenir n’importe quoi ! Et, sûre de frapper au bon endroit, elle jeta sur Chaudrut un regard méprisant et dit :

— Il serait encore assez âgé pour être mon père !

— Je m’en voudrais, riposta le vieux, que cette allusion à son âge avancé blessait !

Mais comme toujours la contre-maître intervint.