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ments qui succèdent à ces luttes où l’on combat sans espoir de vaincre !

Ah ! son orgueil saignait à pleines gouttes ! et cependant, quand il pensait à Céline, il n’avait plus la vision de la femme qui l’avait si indignement trompé, il ne voyait plus en elle que la maîtresse lubrique et douce. Il eut une perception subite des offenses et des cruautés qu’il avait commises ; il se reprocha ses gouailleries, ses caresses hautaines ; il convint qu’il avait eu tort, qu’il aurait dû lui pardonner, en faveur de sa bonne grosse joie, le grotesque de ses paroles et de ses goûts. Il s’attendrissait sur elle, l’aurait pour un peu franchement adorée, puis de même qu’un coup de foudre, le rappel de sa trahison le frappa. Il se souvint de ce cri de Céline qu’elle aimerait mieux être battue que d’être traitée comme une pauvre gnolle, et il regretta pour une minute, de ne pas avoir apaisé cet élancement de l’âme vers des calottes ; puis il redevint plus calme, s’avoua qu’il n’aurait pu consentir pourtant à gifler une femme ; et déshabillé et assis sur son séant, il se remémora les saletés que ses autres maîtresses lui avaient faites.

— Clémence, ah oui ! elle m’a quitté sans même m’écrire ; Suzanne, je n’ai jamais su pourquoi ; Héloïse, parce que je la surveillais ; Eugénie, parce que je ne la surveillais pas ! Et, mélancoli-