Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaisait pas à la jeune fille, et qu’il avait par conséquent toutes les chances d’être accepté, s’il se présentait.

Il hésitait cependant encore, retenu quand même par le souvenir de Désirée qui ne le quittait point, mais les dernières attaches qui le liaient à elle commençaient à se desserrer. Il sentait avec joie qu’elles tomberaient bientôt ; et il se disait avec une certaine rancune, attisée par le rappel des poses qu’il avait subies : Je ne veux plus de rendez-vous ni de lambinages comme autrefois ; ou j’épouserai Irma tout de suite, ou je ne l’épouserai pas. Ce qu’il appréhendait le plus par exemple, c’était de revoir Désirée. Il avait cependant un bon motif pour rompre avec elle. Il pouvait tout simplement lui dire : c’est ta sœur qui m’a proposé le mariage, j’ai dit oui, ton père a dit non. A-t-il, ou n’a-t-il point changé d’avis ? Moi, je ne peux pourtant pas attendre qu’il décède ou qu’il girouette, par un jour de bon vent, du côté où je suis.

Un vendredi, il se répéta : Voyons, raisonnons, et tâchons, pour une fois, de nous décider. C’est demain samedi, jour de paie ; Désirée viendra sûrement toucher l’argent qu’elle a gagné dans les premiers jours de la semaine ; soyons braves, sautons le fossé avant que de la revoir, et, le soir, il pressa vivement Irma, lui offrit le mariage.