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maîtresses qu’ils avaient mâtées en les rudoyant. — Des gifles comme aux enfants qui crient ! Et voilà tout ! ça allait tout seul après !

Auguste se refusait à user de ces arguments ; mais, après bien des irrésolutions, bien des combats, il se décida à lui parler ferme, à l’engueuler même s’il le fallait. Seulement, comme les poltrons qui veulent se montrer braves, il dépassa, ce soir-là, toutes les bornes.

Désirée fut stupéfaite, si stupéfaite, qu’elle ne trouva pas un mot à répondre. Indignée, elle tourna le dos et, sans plus s’occuper de lui, elle se disposa à rentrer chez elle.

Auguste se tint à quatre pour ne pas la rappeler, la suivre ; puis, il eut une berlue, s’élança sur le boulevard derrière elle. Désirée marchait vite. Il s’arrêta, se supplia de ne pas aller plus loin ; il reprit sa course et la rejoignit. Il lui demanda pardon, mais elle persistait à ne pas l’écouter. Il voulut lui prendre le bras, elle le retira. Il insistait, l’implorait plus haut. Quelques passants s’étaient attroupés et ricanaient.

Elle lui dit sèchement : Laissez-moi, vous voyez bien qu’on nous regarde. — Alors, il marcha silencieusement à ses côtés. Quand ils arrivèrent devant sa maison, il murmura d’une voix tremblante : Désirée, je t’en supplie, écoute-moi, viens demain soir, tu verras. Le vantail de la porte se ferma sur elle.