Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’irritait à propos de tout, répondait à peine aux questions de son père, aux câlineries de sa sœur. Le médecin vint, prononça le grand mot d’anémie, et il prescrivit des réconfortants, des quinquinas, des huiles et des fers. Elle avala ces drogues, pendant huit jours, puis elle se lassa et jeta dans les lieux les fioles et les boîtes.

Céline tenta de l’égayer, de secouer cette torpeur, ce nonchaloir désolé qui l’abattait sur une chaise, les yeux éteints et les membres lourds. Un jour que Vatard, plus inquiété que jamais par la pâleur de sa fille, demandait à Céline d’aller chercher le médecin, celle-ci lui répondit simplement : Ce n’est pas la peine, il n’y pourrait rien. Désirée a besoin de se marier ; l’herboriste ne guérit pas ces maladies-là. — Vatard garda le silence, mais il devint, à son tour, méditant et triste.

Auguste, lui, commençait à relever la tête, à croire qu’il aurait dû montrer plus de bravoure, plus de vigueur. Ses amis de l’atelier, qui étaient forcément au courant de la situation, le pressaient de brusquer la petite. — Vous manquez de poil, disait l’un. Ah ! bien, elle vous en fera voir de drôles lorsque vous serez mariés ! reprenait un autre. Eh ! secouez-la comme un prunier et, au besoin, dégradez-y le portrait ! criait le vieux Chaudrut ; et tous citaient leurs exemples, des