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restèrent interdites, se dévisagèrent, mais leurs amoureux étaient déjà près d’elles et chacun des couples, séparément, commença la longue allée de ses va-et-vient.

Désirée exigea aussitôt d’Auguste des renseignements sur les gens d’en face, et l’autre femme devait faire à son amant une question semblable, car elle jetait à la dérobée un regard curieux sur les promeneurs.

Un jour que la femme tardait plus que de coutume, Auguste et Désirée tinrent compagnie au jeune homme. Sa promise arriva enfin. Alors tous causèrent et, après qu’ils eurent bien bavardé ensemble, les couples, peut-être lassés de leur tête-à-tête, se suivirent sur le même trottoir et continuèrent, tout en se baisotant entre eux, à deviser de rubans et d’amour.

Le moment approchait où le jeune homme devait se mettre en route ; la veille de son départ, il offrit à Auguste et à Désirée de venir prendre un verre, et tous les quatre furent s’attabler non loin de là, dans l’arrière-boutique d’un petit marchand de vins.

À la pensée que le lendemain matin, il devait quitter Paris, délaisser la femme qu’il aimait, abandonner son ouvrage et ses amitiés, et que, le soir même, il ne s’appartiendrait plus, qu’il serait une chose, un n’importe quoi, placé et