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ils pourraient de même qu’aujourd’hui festoyer à la Belle Polonaise, ou en face, chez Gagny. Désirée l’approuva, tout en faisant observer qu’en prenant une seule portion pour deux et, au lieu d’une bouteille cachetée, un litre, ils pourraient dépenser moins encore. Puis ils continuèrent à parler d’avenir. — Céline devrait bien, soupirait Auguste, causer de moi avec ton père ; j’ai déjà prévenu ma mère, elle est enchantée d’avoir une belle-fille comme toi, car tu vas en faire une riche petite femme !

— Vous ne le pensez pas, méchant, interrompit l’enfant qui crut de son devoir de minauder.

— Mais si je le pense, je te l’ai dit, je vous trouve gentille, jolie ; — elle lui tapa sur les doigts pour l’obliger à se taire. — et toi, reprit-il, tu diras quoi à ton père, lorsque Céline lui aura parlé de notre mariage ? — Mais je n’aurai rien à lui dire, je crois ; il n’acceptera peut-être pas du premier coup, mais deux jours après. Ne nous inquiétons pas, va, ça ira tout seul.

C’était juste à ce moment que Vatard s’écriait : — Un sabot, quoi !

Lorsque Désirée fut de retour, Céline, qui l’attendait, la regarda. Désirée lut dans ses yeux, devina tout, s’élança vers elle : — Tu lui as parlé ? Dis vite !

Céline baissa la tête, alors l’autre baissa aussi