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gendre. Elle était loin de croire au piteux résultat des démarches osées.

En attendant, le couple s’ébattait comme une volée de jeunes merles. — Auguste avait emmené la petite dans un restaurant fameux, rue de la Gaîté, un restaurant où l’on fabriquait des repas de noce, et ils avaient dîné dans le jardin, sous une tonnelle.

C’était un endroit charmant, avec des bosquets étoilés de feuilles, des arbricules poussiéreux, des tables en bois et une balançoire dans des marronniers. Au fond, il y avait un rideau de cyprès et de pins, les cyprès et les pins du cimetière Montparnasse, qui s’étendait derrière cette guinguette. Il n’y avait pas grand monde ce soir-là. Un mari et une femme mangeaient, dans un coin, du maquereau et des pois ; un chien tournait sur lui-même pour attraper sa queue, puis, bâillant et levant le gigot, pissait quelques gouttes contre les pieds d’une table ; un homme et une femme étaient montés sur la planchette de la balançoire ; la femme s’était attaché les jupes avec son mouchoir et elle donnait ainsi que l’homme de solides coups de reins qui les envoyaient, à toute volée, dans les branches. Auguste et Désirée dînèrent bien et pour pas trop cher. Ils avaient eu une bouteille, une soupe, un fricandeau et du fromage pour trois francs soixante-