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— Connu ! Tu l’as déjà dit — ne bavons pas, — j’ai toujours été un bon père, je m’en flatte, et ça n’est pas maintenant que je consentirais à faire le malheur de ma fille. Huit sous, mais c’est la débine, c’est la dèche en plein ! Huit sous, c’est des haricots toute la semaine et un franc soixante donné par moi, tous les dimanches, pour acheter du veau ! C’est le terme pas payé et des pleurs, tous les trois mois, pour me le soutirer ; c’est mes assiettes, mes casseroles, mes plats empruntés pour deux jours et ne me revenant jamais ; huit sous, c’est le pillage de mon mobilier, la mise à sec de ma bourse ! Oui, oui, je sais bien ce que vous allez me raconter, qu’ils s’en tireront tout seuls ; ce n’est pas possible, je n’y crois pas !

— Mais ils s’aiment, papa ! gémit Céline.

— C’est-il de ma faute ? Non, n’est-ce pas ? Et puis, tenez, si vous aviez pour deux liards de bon sens, vous auriez compris que Désirée ne pouvait se marier encore ! Ici, la mère est infirme, incapable de se remuer ; admettez que Désirée parte avec son mari ; Céline fiche le camp, tous les soirs, elle prend la maison pour une auberge, elle ne raccommode rien, ne nettoie rien, s’en va je ne sais où ! — Ne réponds pas, j’aime mieux ne pas savoir où tu vas. — Ah ! Bien, il serait propre, le ménage ! Une vraie débandade, ainsi que chez Tabuche ! où il faut que chacun rince un