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ouvrirait le feu, que Céline se bornerait à la soutenir.

Vatard fut surpris de ne pas voir Désirée à l’heure du repas, mais Céline insinua qu’elle lui donnerait l’explication de son absence quand la mère Teston serait présente.

Vatard insista pour l’avoir de suite. — Sa fille refusa. — Vatard se mit en rage. Elle tint bon, mais pensa que l’aventure commençait mal ! Ils n’échangèrent plus une parole tant que dura la briffe. Ils étalaient sur une tartine du brie coulant, quand la femme Teston entra.

Céline lui jeta un regard de détresse et, s’approchant d’elle, souffla : — Allez-y, maman Teston, et ferme !

La vieille tira solennellement un pan de culotte, une pièce qu’elle voulait y coudre, des aiguilles, un dé, et d’une voix mal affermie, elle commença :

— Vatard, quand vous avez demandé au père Briquet la main d’Eulalie, il vous répondit quoi ?

— Il me répondit probablement : Prends-la, mon garçon, mais je ne vois pas…

— Peu importe que vous ne voyiez pas ; alors qu’avez-vous fait ?

— Comment, ce que j’ai fait ? Est-ce que je le sais, moi ? Il y a des années que tout cela a eu lieu !