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était bien exigeant, aussi prit-elle plaisir à crier bis quand ce Céladon de beuglant se retira.

Auguste s’apprêtait à boire une gorgée de son mazagran qui, à force d’avoir été trempé d’eau, n’avait plus ni couleur ni goût, quand sa voisine de gauche, voulant moucher un gosse, lui releva le coude et lui fit verser la moitié de son verre sur son pantalon ; Désirée pouffa. — La femme soutenait que le café enlevait les taches, Auguste rageait, se mordant la barbe, s’épongeant avec son mouchoir. Il était très empêtré et très rouge. Désirée se tordait. C’était bête, mais elle était de celles qui éclatent de rire dans la rue, quand un passant s’étale ! — Elle finit cependant par prendre une carafe et par nettoyer, elle-même, la culotte, puis elle s’épaula contre Auguste, et alors il oublia sa malechance, son genou séchait d’ailleurs, et l’impression désagréable qu’il avait d’abord ressentie quand l’eau froide filtrait au travers du drap avait disparu.

Une saynète devait clore la représentation, l’éternelle saynète à trois personnages, une jeune fille du monde qui se déguise en bonne pour éprouver son prétendu, marivaude avec un autre pour stimuler sa jalousie et finit par l’épouser sur une ronde finale braillée en chœur par les intéressés et par le public.

L’action se déroula toujours la même, égayée