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lon vert pois, des favoris rouges et un chapeau gris, tricota des jambes, sautant droit, se frappant les talons, puis, se rapprochant comme un cagneux le boulet des genoux, il s’élançait à l’improviste et retombait les deux cuisses écartées, figurant un V à l’envers. Il se disloqua, suant, criant des hourras tristes, battant des entrechats, valsant sur les pointes, reculant sur les plantes, cavalcadant et piaffant, les bras en moulinet, la tête lancée comme un battant de cloche. Il y eut un temps d’intervalle, puis une planchette sur laquelle était écrit le nom de Régina parut. Le chef d’orchestre leva son bâton, les musiciens soufflèrent, une femme fit son entrée, se cassa comme une marionnette, et, debout devant le trou du souffleur, donnant de temps à autre un coup de pied dans sa traîne qui l’embarrassait, partit en mesure. Elle était enveloppée d’une robe rose très décolletée, et ses bras nus et encore rouges étaient blanchis par de la poudre. Son menton projetait une ombre sur le bas de son cou. Elle accompagnait le graillement de son gosier avec quatre gestes : une main sur le cœur et l’autre collée le long de la jambe, — le bras droit en avant, le gauche en arrière, — le même mouvement effectué en sens inverse, — les deux mains enfin se tendant ensemble vers le public. Elle dégoisait un couplet à gauche de la scène, un autre à