Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme une tomate, elle n’en avait pas moins su pêcher un homme du monde et elle avait une toquante et des breloques d’or ! — Elles avaient causé, dans le coin d’une porte, et l’opulence de cette souillon l’avait navrée. — Oui, ma chère, avait dit l’autre, je tape dans les gens à remontoir, plus de beignes et des pépètes ; vois-tu, il n’y a qu’à vouloir, on en trouve à gogo des bêtes à pain quand on sait s’y prendre !

C’était donc vrai ? Au fait, n’avait-elle pas été suivie par un bourgeois en chapeau noir, et la femme Gamel n’avait-elle pas pour amant un homme qui marchait dans des bottines en veau claqué ? Il est vrai que celle-là était une rien du tout, elle conservait en même temps Alfred, un mufleman de la pire espèce, et elle lui faisait payer de bons dîners par son monsieur, sous prétexte qu’il était son frère. Tout bien considéré, ce n’était peut-être pas très propre de prendre un amant pour son argent, mais enfin cela valait pourtant la peine qu’on s’en occupât, car il fallait bien qu’elle fût renippée des pieds à la tête, qu’elle se procurât des mouchoirs et des bas.

Elle avait eu soudainement une convoitise, un idéal, pouvoir boire un verre si elle avait soif, s’acheter des mitaines tricotées si bon lui semblait.

Elle ne se dissimulait pas que ces amours se-