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chignons et par leurs loques, mais elles se tordaient et aboyaient, le menton en avant et les dents sorties, bavant, se ruant, les bras en l’air, la fosse des aisselles à jour sous la chemise craquée.

Il y eut encore un moment de répit et l’on n’entendit plus que le tapotement sourd des assembleurs dans l’autre pièce.

Les brocheuses avaient des voix de mirlitons crevés ; elles râlaient.

L’une d’elles lança alors cette stupide question qui revenait comme une ritournelle quand personne n’avait plus rien à dire :

— Mademoiselle Élisabeth, qu’est-ce que votre cœur désire ?

Une autre se leva, pesamment, fourgonna dans le poêle, et, saisie par la chaleur, resta courbée en deux, les paupières remuées, la bouche grande ouverte devant le trou qui flambait.

On râpait à cet instant :

« Mais que les branches
Soient toutes blanches,
Ou qu’au printemps verdisse le gazon,
Rose, je t’aime
Toujours de même,
Car en amour il n’est pas de saison ! »

— Mesdames, un peu de si…