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instants de plaques purpurines et ses longs cheveux ondoyaient sur ses épaules, roulant dans leurs flots sombres des roses blanches et des mauves.


Un peuple de jeunes gens et de jeunes filles la regardaient venir, fascinés par son œil creux, par son rire maladif. Elle marchait sur eux, les étreignait de ses petits bras et collait furieusement ses lèvres contre leur bouche. Ils haletaient et frissonnaient de tout leur corps ; hors d’haleine, éperdus, hurlant de douleur, ils se tordaient sous le vent de son baiser comme des herbes sous le souffle d’un orage.

Des mères désolées embrassaient ses genoux, serraient ses mains, pleuraient de longs sanglots, et elle, impassible, pâle, l’œil fixe, plein de lueurs mouillées, les mains moites, les seins dardant