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étaient devenus les meilleurs amis du monde.

Le soir, ils s’échappaient, se rencontraient au bas de la côte et se promenaient le long d’un petit ruisseau. Claudine marchait tout doucement, les yeux fixés à terre, les mains dans les poches de son petit tablier, et elle se sentait oppressée de délicieuses épouvantes. Lui la regardait à la dérobée et se mourait d’envie d’embrasser une petite place rose sur laquelle bouffait, comme une touffe d’herbes folles, un petit bouquet de cheveux pâles ; vingt fois il fut sur le point de se pencher et d’effleurer de ses lèvres cette rose moussue, puis, au moment où il se courbait et où sa bouche frôlait les cheveux, Claudine faisait un mouvement, et vite il reprenait son calme et marchait à côté d’elle, maudissant sa timidité, se jurant que la