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le plus ; si maman veut, je l’épouse. Un quart d’heure après, comme elle allait chercher du cerfeuil chez une amie, Aristide lui dit : « Mademoiselle Claudine, je vais m’en aller, je suis trop malheureux. — Ah ! mon Dieu ! il m’aime autant que l’autre ; c’est désespérant d’être aimée ainsi ! » Et, tout en disant cela, elle éprouvait, malgré elle, une certaine joie à se sentir ainsi adorée.

Elle revint plus perplexe encore. Que faire ? Telle était la question qu’elle se posait sans cesse. En attendant, les jours passaient et les amoureux ne partaient pas. Le premier qui partira sera celui qui m’aimera le plus, pensait-elle ; puis elle se reprenait et se disait tout bas : Non, celui qui me quittera le premier pourra vivre sans me voir, donc il m’aimera moins. En attendant, chacun restait à sa place, s’étant fait cette réflexion bien