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pays conquis. Je crois bien que ceux qui restent, à Billancourt, le dimanche, sont privés de sortie ou dénués de ressources. L’air contrit des promeneurs qui se tortillent férocement les moustaches semble, du reste, déceler de vives impatiences et de longs ennuis.

Et, observant ces prisonniers de l’autre rive, l’on atteint le pont de Billancourt, un petit pont à piliers de pierre et à tablier de fonte. La scène change, les souvenirs de Paris, si proche, s’atténuent ; de la verdure non sophistiquée s’étale. Le morceau d’île que le pont traverse pour joindre les berges de la Seine verdoie tel qu’une prairie ; c’est le silence ; les pantalons écarlates ont disparu ; quelques couples se partagent les provisions apportées dans un panier ; puis la rive gauche du fleuve avoue aussitôt sa personnalité propre et se révèle