Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

blit peu à peu et, un soir, il a trouvé dans la rue, défaillante de froid et de faim, prête à se livrer pour un morceau de pain, une jeune fille dont les yeux avaient la même expression que ceux de sa femme. Elle lui ressemblait même comme grandeur et comme taille ; c’est alors qu’il lui a proposé de lui laisser toute sa fortune si elle consentait à se laisser peindre tous les matins. Il est venu me trouver, et chaque jour, à huit heures, je la déguise ; il arrive à dix heures et déjeune avec elle. Jamais plus, depuis le jour où il l’a recueillie, il ne l’a vue telle qu’elle est réellement. Voilà ; maintenant, je me sauve, car j’ai de l’ouvrage. Bonsoir, Monsieur.

Il resta abruti, inerte, sentant ses idées lui échapper. Il rentra chez lui dans un état à faire pitié.

Amilcar arriva sur ces entrefaites,