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nantes angoisses, d’inexorables remords, se prit enfin à goûter les tranquilles délices d’une vie calme. Pour comble de bonheur, son talent se réveilla en même temps que sa jeunesse, et c’est de cette époque que sont datées ses meilleures toiles.

Tout souriait au jeune ménage, honneurs et argent se décidaient enfin à venir, quand soudain la peste éclata dans Haarlem.

La pauvre fille en fut atteinte. Béga s’installa à son chevet et ne la quitta plus. La mort était proche. Il voulut se jeter dans les bras de sa bien-aimée, la serrer contre sa poitrine, respirer l’haleine de sa bouche, mourir sur son sein : ses amis l’en empêchèrent. « Je veux mourir avec elle, criait-il, je veux mourir ! » Il supplia ceux qui le retenaient de lui rendre sa liberté. « Je vous jure,